Le NHK Best Anime 100, résultats et décryptage

L’année 2017 marquait en théorie les 100 ans de l’animation japonaise, dont les débuts « officiels » de production d’un film animé sont en général placés en 1917. S’il y a encore beaucoup de débat sur le « qui » et le « quand« , l’année est elle assez établie comme celle de sortie des premières productions d’animation japonaise. La plus ancienne encore en bon état étant probablement Nakamura Gatana (même si on connaît l’existence d’autres films de cette époque). 2017 est donc l’occasion parfaite de fêter l’animation japonaise, et de nombreuses organisations jouent le jeu : même Japan Expo va mettre l’accent dessus pour sa 18ème édition. Au Japon, c’est la NHK (télévision publique) qui a lancé fin 2016 un grand concours sous forme de 3 élections populaires : les internautes allaient pouvoir en effet élire, pendant plusieurs mois, leurs chansons d’anime préférées (les fameuses anisongs, devenues une institution du milieu), et surtout leurs animes préférés de toute l’histoire. Ils avaient ainsi accès à une base de données avec toutes les séries, les films, les OVA, etc. pour pouvoir faire leur choix.

 

 

Curieux des résultats ? Ils ont été annoncés ce 3 mai au Japon (pour les animes ; le top des chansons avait été annoncé plus tôt), dans une émission spéciale de la NHK en prime-time d’une durée de 3 heures, un mercredi soir : excusez du peu ! Les voici en abrégé, avec une tentative d’explication de texte. Bonne lecture.

 

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Par-delà les mers de mots – Fune wo Amu

Parfois, il y a de façon inversement proportionnelle autant de choses à dire sur une série que de gens qui la regardent. L’industrie de la japanimation a fait fleurir des œuvres porteuses de messages denses, des choses comme au hasard Serial Experiments Lain, Casshern Sins, Arjuna, ou encore Bokurano, par exemple. Et sans doute bien d’autres dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler, tant elles restent plutôt confidentielles. En général je ne suis pas un spécialiste des ces séries-là, surtout car elles sont souvent anciennes – j’essaye de les suivre quand j’en décèle de temps en temps, je vous ai déjà parlé de l’épique historique et SF Concrete Revolutio et j’ai beaucoup aimé la chronique sociale et sociologique qu’était Classroom Crisis, toutes deux très récentes.  Mais coup de chance, cette saison j’en ai trouvé une. Qui est parfaite pour moi.

The Great Passage.

Le grand passage.

Ce soir, on part naviguer à bord du Great Passage, dans Fune wo Amu.

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Kaisô no Terror

回想. Cet affreux amalgame de traits se lit kaisô, et signifie « réminiscence » (ou « flashback« , par exemple), en japonais. En plus d’être un mot qui m’a toujours fasciné dans cette langue (c’est un composé de 回, « tourner » ou « revenir »/ »faire un tour complet » et 想 « idée », « concept », « pensée ». Les idées ou les pensées qui tournent et reviennent…) c’est ce que je me suis mis à faire ces derniers jours, et sur quoi je vais me baser pour vous parler aujourd’hui. Tout est parti d’un tweet, récent et anodin.

Je vous rassure, aucun namedropping ni méchanceté dans cette citation, et je ne vais pas passer beaucoup de temps à en parler. Mais la réflexion de Meloku ici (dont je vous invite d’ailleurs à aller voir d’autres réflexions plus détaillées sur Nostroblog qui valent le détour), pourtant innocente et qui n’est qu’un simple constat/avis en une phrase, m’a remis trois mois intenses en tête. Aujourd’hui, je replonge dans le monde terne, informe et délaissé de Terror in Resonance, a.k.a. Zankyô no Terror.

 

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Concrete Revolutio, face recto – Fantasmes héroïques

« Je crois pouvoir affirmer que personne ne comprend la physique quantique », disait Richard Feynman. Théoricien pionnier de la physique quantique. Loin de moi l’idée de mettre au même niveau en termes scientifiques ou de difficulté de compréhension un bon vieux cartoon chinois et l’un des champs parmi les plus obscurs et complexes de la méta-science moderne, mais il faut parfois se demander : les spectateurs les plus passionnés de Concrete Revolutio ont-ils vraiment compris ce qu’ils ont regardé ? Et je parle tout autant de ceux qui l’ont beaucoup aimé (genre, ceux qui ont fait des superbes chroniques hebdomadaires dessus) que de ceux qui ne l’ont pas aimé : la série a totalement échappé au « syndrome de la saison 2 » sur les sites de reviews (qui veut que les saisons 2, 3, … soient plus appréciées en général que les saisons 1, vu qu’a priori seuls ceux ayant un minimum apprécié ont continué à regarder), et se tape à l’heure où j’écris ces lignes un médiocre 7.2 sur MyAnimeList, une hausse de 0.3 points, certes, mais c’est bien bas tout ça. Et cela témoigne en tout cas de la réputation de l’œuvre envers un public assez global.

A l’instar de Mayoiga dont on a déjà parlé, ConRevo est une autre œuvre très difficile à classer (voire à cerner) et assez unique, cette fois pour des questions de structure, de narration, voire même d’ambition. Et si je viens aussi pour parler de sa qualité d’OVNI et de pourquoi c’est un scandale que cette série soit à mon sens mésestimée et peu prospère, ce post va également servir d’analyse de genre et notamment de comment elle essaye de concrétiser les ambitions de Shô Aikawa (créateur et scénariste de la série), de Seiji Mizushima (réalisateur) et de BONES, à savoir créer une série à la fois originale et différente, sociale et historique, dans un univers de fiction pure. Mais plus qu’un exercice de style, c’est quand même aussi l’occasion pour moi de partager mon avis sur une série que j’aime beaucoup, et sur ce que j’ai pu en tirer, tant sur elle-même que sur les possibilités d’un médium qu’elle a pu démontrer.

Concrete Revolutio - 24 - Endcard

Ce soir, on va parler JUSTICE. Entre autres. Mais surtout justice, ouais.

 

Je vous propose alors un diptyque d’articles complémentaires mais totalement indépendants (pas de date fixée pour le second), traitant des deux faces d’une même pièce qu’est Concrete Revolutio. D’un côté sa façon d’exprimer les idéaux, idéologies et motivations de ses personnages, à travers sa narration et sa symbolique, et de l’autre comment la série utilise de véritables faits historiques et culturels pour contextualiser et motiver la narration et ses acteurs. Le premier contiendra également mon avis et mon ressenti sur cette manière de faire et ressemble plus proprement à une review, le second plutôt mon appréciation d’éléments plus narratifs et structurels (le côté historique de la série, en fait. Vous allez comprendre), sans pour autant tomber dans une simple séparation « forme » et « fond », car la série les lie constamment. Ces aspects plus documentaires n’interviendront pas ici, cet article étant celui s’apparentant plutôt à une tentative d’explication de texte voire une critique de la série.

 

/!\ Cette review contient des spoilers potentiels de Concrete Revolutio, et Concrete Revolutio – The Last Song. /!\

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Mayo-Mayoiga, Qu’es-tu Mayoiga ? – Chronique de la folie généralisée

La confusion règne pendant cette saison de printemps. Et c’est à la fois chez des dizaines d’anti-conformistes partis en quête d’un village de légende urbaine, mais aussi chez des milliers de spectateurs à travers le monde. L’objet de la discorde ? Un anime, évidemment. L’œuvre en question c’est The Lost Village, de son nom originel japonais Mayoiga, et c’est streamé en simulcast en Europe comme en Amérique sur Crunchyroll. Comme Manureva, Mayoiga dérive complètement sur l’océan de nos habitudes, pauvres otakus bien au chaud dans nos genres narratifs bien cadrés et définis.

Et si je vais tenter d’en parler aujourd’hui, c’est parce que je trouve le déferlement d’opinions et de réactions sur cette série assez intéressant et cocasse à la fois : personne n’est d’accord à la fois sur la qualité de la forme (ça on a l’habitude), mais parfois même sur ce qu’elle est vraiment, même au niveau le plus fondamental, le plus basique. Si pour une série complètement abstraite, subtile, ou en tout cas avec beaucoup de non-dit ça peut se comprendre (quelque chose comme Kaiba, ou Texhnolyze, au hasard), pour quelque chose au scénario et aux codes aussi linéaires que Mayoiga, c’est inattendu.

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Voilà l’éventail standard de réactions possibles devant la série.

Mon but ici ça va être à la fois d’expliquer et de comprendre (moi-même, tout comme faire comprendre éventuellement à d’autres) pourquoi et comment cette série est devenu un bordel sans nom, et comment on a pu finir aussi tiraillé. Entrez dans le bus maaaagique.

(/!\ Cet article contient des spoilers jusqu’à l’épisode 10 de Mayoiga /!\ )

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[Best-of 2015] Une année, des Anisongs

Les classements rétrospectifs de fin d’année, vous avouerez que c’est une bonne excuse pour faire des articles : même en étant passif sur le blog, j’ai quand même pu être spectateur d’un bon petit paquet de séries d’animation japonaise cette année, et d’encore plus de génériques (qui comme vous le savez, me sont assez chers). C’était tout trouvé : voici ma contribution à ces multiples posts, vidéos, podcasts et que sais-je pour les MEILLEURS GENERIQUES D’ANIME 2015 OLALA ©.mp4 , mais à ma sauce : point de classement, de vote, ou d’autre critère absurde, mais une simple liste – enfin, deux : les OP, et les ED (car oui, il y a tellement eu de bons génériques cette année que même moi j’ai pu trouver mon compte dans des endings !). Évidemment, il y en a quand même certains que j’ai préféré parmi ces deux tas, mais j’avais vraiment la flemme (et surtout du mal) pour les classer dans un certain ordre qualitatif. Tant pis.

2015 était peut-être une année de merde pour pas mal de gens et dans plein d’aspects, mais nos musiciens nippons se sont pas mal tués à la tâche par contre, et ça c’est beau. Dans ma sélection préférentielle de l’année, en voilà 29 (21 openings et 8 endings) qui sont apparus lors de l’année 2015, et qui m’ont plu par leur instrumentation, leurs visuels, ou les deux (en gros).  J’ai en tout cas essayé de caser tout ce que je trouvais intéressant, pertinent et plaisant dans ces génériques, quitte à faire des pavés (l’année était chargée mais intéressante). Place à la musique !

 

Concrete Revolutio

Un peu de repos, enfin

 

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JoJo’s Musical Adventure – Partie 3 : Stardust Crusaders

Sur ce blog, parfois, il se passe des choses. Des articles, des petites mises à jour par ci-par là, du détail à l’article inattendu. Mais, il arrive aussi des événements, comme c’est le cas aujourd’hui c’était le cas il y a quelques semaines : le premier anniversaire du blog ! Et pour fêter ça, plutôt que de faire un mot d’esprit qui ne serait pas bien utile car redondant avec tout ce que j’ai déjà pu dire ici ou ailleurs, eh bah je vais faire un article. Qui trainait depuis beaucoup trop longtemps.

On va donc continuer notre épopée lyrique (littéralement) dans l’univers de JoJo’s Bizarre Adventure, en s’attaquant à un gros morceau de la saga, à savoir le fameux troisième arc : j’ai nommé Stardust Crusaders. Je vais traiter directement tout l’arc même s’il est plus long, puisque les articles ne sont pas super longs au départ, car relevant plus du constat ou du catalogue que de la réelle analyse artistique.

 

JoJo's Bizarre Aventure: Part 3

Partie 3 – Stardust Crusaders : « Vanilla Ice Cream »

 

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JoJo’s Musical Adventure – Partie 2 : Battle Tendency

HA ! Vous l’aviez pas vu venir, celui-là, hein ? Et ensuite vous allez dire « Mais tu te fous pas un peu de notre gueule avec ce retard ? ».

« Mais tu te fous pas un peu d- Oh. »

Et bah… sans doute un peu contre mon gré, si. Je ne sais pas trop comment ça a pu se déporter à ce point, vu que je n’étais pas plus surchargé que d’habitude, mais d’autres activités ont pris le relais, et j’ai complètement zappé de me poser et prendre du temps pour écrire un peu pour le blog, alors que j’aurais tant de choses à dire. Du coup, je profite de quelques heures avant notamment de partir à Jonetsu ce week-end pour continuer ce dossier avec… 6 semaines de retard, ou quelque chose du genre. Ahem. [SPOILER : J’ai fini 4 jours après la conv’.]

Bref. Cette fois, c’est Battle Tendency, arc n°2, et contrastant pas mal avec Phantom Blood par sa structure, son ambiance colorée et décalée, et sa progression en termes de personnages comme de style, voire de genre. Et bien évidemment, de musique…

 

Partie 2 – Battle Tendency : « Des Hommes & Des Piliers »

 

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JoJo’s Musical Adventure – Partie 1 : Phantom Blood

On attaque avec le premier arc, le mythique Phantom Blood, qui va poser des bases scénaristiques pour toute la série, et également poser tous les codes artistiques possibles et imaginables, même si le style d’Araki s’est affiné, et que, dans le cas de l’anime, la qualité visuelle s’est améliorée au fil des saisons. Mais déjà ici, pas mal de chose à dire sur les génériques et la musique, croyez-moi !

 

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Partie 1 – Phantom Blood : « SO-NO-CHI-NO-SA-DA-MEEEE »

 

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JoJo’s Musical Adventure – Introduction

Ah, vous aimez JoJo’s Bizarre Adventure ? Le manga pionnier connu de tous, les OVA ? La déjà culte série du 25ème anniversaire ? Ou même le jeu vidéo All-Star Battle,  et avant ça les milliards de mèmes de WRYYY sur MUGEN ? Ou encore mieux, tout ça à la fois…

autrement appelé SUTANDO PUROAUDO

Petit exemple de ce dont on va parler les jours qui viennent

 

En fait, peu importe. Il y a tellement d’arguments pour s’intéresser à cette épopée épique de la culture japonaise moderne que tous les supports sont bons pour s’y mettre. Pour ma part, si je connaissais le manga de nom, c’est par la dernière série que je m’y suis mis. Et plus que tout ce que l’on m’y promettait de près ou de loin, je suis tombé dans l’univers d’un fan absolu de musique, qui est visiblement une passion qu’Hirohiko Araki et moi partageons (oui, j’avais envie de chercher un truc comme ça juste pour me la péter).

Du coup, je vais vous proposer une aventure tout aussi épique – je l’espère – à travers tout cet aspect distillé au fur et à mesure des arcs, avec dès ce soir une petite introduction sur l’œuvre elle-même, et ma façon de procéder pour ce dossier. On y go ?

 

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